J’ai choisi l’hystérectomie

J’ai choisi l’hystérectomie

J’ai 34 ans, je suis maman d’un enfant et j’ai choisi de me faire enlever l’utérus.

« T’es pas un peu jeune ? », « Mais tu es sûre ? », « Non Madame, ça ne se fait pas », « Et si tu veux quand même un autre enfant ? », « Heu mais c’est définitif ! », « Tu t’es bien renseignée ? », « Ah bon, pourquoi ? »

Ces questions, posées avec plus ou moins de bienveillance, je les ai entendues et la plupart je me les suis aussi bien entendu posées.

Il y a 8 ans, après avoir reçu le diagnostic (facile) de côlon irritable, suite à des douleurs au ventre quasi quotidiennes, je me suis de moi-même dirigée vers mon gynécologue qui m’a diagnostiqué quasi instantanément une endométriose. Quelques mois après je me faisais opérer : j’avais des foyers un peu partout dans l’abdomen et des adhérences entre certains organes.

Très honnêtement, ma vie n’a pas changé après cette intervention, je n’ai pas le souvenir d’avoir constaté une nette amélioration…

Mes cycles n’ont jamais été une partie de plaisir, mais depuis mon accouchement il y a plus de 3 ans, j’ai vraiment eu le sentiment de les subir, que les douleurs étaient plus fortes, les règles plus longues, etc.

J’ai essayé de remettre un stérilet aux hormones (comme j’avais avant ma grossesse), mais dès le moment où on me l’a posé, j’avais vraiment ce sentiment d’avoir un corps étranger dans mon corps. Je l’ai donc retiré peu de temps après. A ce moment, je me suis interrogée sur la ligature des trompes. J’en ai parlé avec mon gynécologue de l’époque qui m’a dit que niveau contraception ça réglerait le problème, et que ça pourrait même aider pour l’endométriose, si celle-ci devait revenir.  

Entre temps, j’ai changé de gynécologue pour diverses raisons. En discutant avec cette nouvelle doctoresse, j’ai évoqué la ligature, et là, elle m’a tout de suite dit que non, ça n’aiderait pas pour l’endométriose car j’aurai toujours mes règles ! (Et là, on ne sait plus qui-que croire…elle m’a même fait me demander si j’avais vraiment eu de l’endométriose ou si je m’étais faite opérer pour le petit porte-monnaie de mon ancien gynéco..) Elle m’a dit que pour elle, une solution serait de cautériser l’utérus (c’est-à-dire brûler l’intérieur et ainsi ne plus avoir d’endomètre et donc de règles) ou la pilule en continu. Lorsque je lui ai évoqué un peu sur le ton de « l’humour » l’ablation de l’utérus, elle m’a dit que ça ne se faisait pas.

J’ai donc réfléchi aux solutions proposées et en voyant que 30% des femmes continuent à avoir leurs règles en cautérisant, j’ai vite abandonné cette idée et de toute façon elle ne me parlait que très peu ! J’ai donc opté pour la pilule, par dépit… Chose que mon corps avait très bien comprise car les quelques pauvres jours où j’ai pris cette fameuse pilule, j’avais le sentiment de m’empoisonner (je n’aime pas l’idée de devoir prendre des hormones) et j’ai donc arrêté.

Retour au point de départ… un peu désespérée, avec des cycles toujours pénibles… Je me suis donc dit : si tu ne peux pas les changer, apprend à vivre avec ! J’ai commencé à me renseigner, à lire, chercher des infos sur comment « tirer profit », accepter, faire avec ces phases de mon cycle qui peuvent aussi m’apporter plein de choses, comme apprendre à m’écouter, à me reposer durant les règles, à utiliser mon élan de créativité juste après etc.

J’ai essayé, j’ai mis en place mon petit tableau pour savoir où j’en étais au fil du mois et que mon mari comprenne aussi mes différentes humeurs. Oui, ça a aidé, un peu, mais ça ne m’a pas enlevé les douleurs, les règles qui durent plus d’une semaine, le flux très abondant certains jours, le syndrome pré-menstruel qui s’est accentué depuis la naissance de mon fils.

Pour moi, la seule solution restait : enlever mon utérus. À mon sens, il n’avait plus d’utilité, il me gâchait plus la vie qu’autre chose… En commençant à m’informer, j’ai lu qu’on pouvait (bien) vivre sans utérus, que certes c’était une grosse opération mais pas impossible, etc.

Les mois se sont écoulés et finalement, fin 2022, j’ai décidé de changer de gynécologue car une amie me parlait tellement en bien du sien que je voulais avoir un autre (et un troisième) point de vue.

J’ai eu la chance d’avoir un rendez-vous assez rapidement et ai pu le voir avant Noël.

Je n’ai jamais rencontré un médecin aussi bienveillant, professionnel, à l’écoute, respectueux, attentif et tant d’autres choses encore ! Nous avons discuté de mes soucis, mes douleurs, etc. et il m’a demandé : quelle serait votre solution, même si elle semble impossible ? Et j’ai répondu : enlever mon utérus. Ce à quoi il me répond : ok si c’est ce que vous souhaitez.

Et là, une vague d’émotions est montée en moi ! J’avais les larmes aux yeux ! Enfin quelqu’un qui prenait ma demande en compte, qui me disait que c’était possible, que je n’étais pas « folle » de vouloir cela.

Nous avons quand même évoqué TOUS les moyens pour soulager mes douleurs et rendre plus supportables les règles (en partant de la méthode la plus naturelle pour arriver à la chirurgie), il m’a expliqué les avantages et inconvénients de chaque « traitement » et m’a donné le choix en m’invitant à y réfléchir tranquillement et à le recontacter en cas de questions ou de décision prise.

Je suis sortie de ce rendez-vous soulagée, entendue, respectée. Suite à cela, nous avons rediscuté avec mon mari de cette décision. Il est clair que cette dernière me revient car c’est mon corps, mais nous sommes un couple, une famille et il fallait être sûr que nos projets d’enfants soient terminés 🙂 Nous étions déjà très au clair avec cela avant, mais la discussion nous a permis de ré-évoquer le pourquoi de cette décision et de la confirmer.

Début janvier j’ai repris rendez-vous avec mon gynécologue pour lui confirmer mon envie de me faire opérer et fixer la date.

J’ai choisi l’hystérectomie pour ne plus avoir de règles, pour ne pas avoir à prendre de contraception hormonale ni mettre tout corps étranger en moi, pour réduire (et stopper j’espère) mes douleurs, et simplement car je ne lui trouvais plus aucune utilité dans mon corps.

Je me suis faite opérer fin mars, mon incroyable gynécologue m’a enlevé mon utérus, mes trompes de Fallope mais aussi de gros foyers d’endométriose présents sur mon ovaire gauche et les ligaments qui tenaient mon utérus (moi qui pensais ne plus en avoir…)

Je garde mes ovaires car ils sont sains et sont nécessaires à mon organisme jusqu’à la ménopause. Mes cycles hormonaux continueront, je risque d’avoir encore des changements d’humeur mais « au moins » sans tous les désagréments autour 🙂

Je sais que j’ai fait le bon choix, celui qui est juste pour moi. Je décide de prendre le temps pour ma convalescence, de m’écouter, de calmer le rythme pour prendre soin de cette partie de mon corps qui a pas mal morflé après mon accouchement (et dont je n’ai clairement pas correctement pris soin, voulant retrouver ma « vie d’avant » sans prendre le temps de me poser) et qui vient de subir une grosse intervention.

Je décide que ce prochain mois se déroulera sous le signe du lâcher prise, du prendre soin de soi, d’oser demander de l’aide, d’accepter l’aide offerte, d’accepter d’avoir une baisse au niveau moral (merci les hormones), d’accepter de ne rien faire et de ne pas être « productive », de prendre le temps que j’aurais dû prendre lors de mon post-partum.

Je suis reconnaissante d’être entourée et soutenue par mon mari, ma famille et mes amies si précieuses à mon coeur. 

Julie

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Mise en place de l’allaitement – Témoignage de Marisa

Mise en place de l’allaitement – Témoignage de Marisa

Marisa, nous te remercions du fond du coeur pour ton témoignage sur la mise en place de ton allaitement avec ta petite Alessia. Nous vous souhaitons une belle aventure lactée !

“Pendant toute ma grossesse, il était clair pour moi que je voulais allaiter. J’avais envie d’être au plus proche de mon bébé, continuer de créer ce lien comme quand elle était dans mon ventre. J’ai lu des articles, suivi sur Instagram des mamans allaitantes qui disent que toutes les femmes ont du lait, qu’il suffit de bien mettre en place l’allaitement et d’être bien entourée par des professionnel-le-s. Alors pourquoi pas moi, surtout que j’ai la volonté et l’envie ?

Mon bébé arrive, elle est là, posée sur moi. Les sages-femmes (SF) me demandent si je veux allaiter, je leur réponds tout de suite que “oui”. Elles positionnent le bébé dans mes bras et la mettent en place au sein. Et voilà, c’est maintenant que l’aventure de l’allaitement commence.
Les première secondes de chaque tétée font mal, très mal. Je me dis à chaque fois que les contractions étaient pires. J’ai résisté aux contractions, je peux donc résister à trois secondes de douleurs intenses. Mais je ne comprends pas, j’ai mal tout le long de la tétée. Je questionne la sage-femme, elle dit que pourtant le bébé est bien positionné, que des fois ça arrive que ça fasse mal et que cela passera avec le temps. Mais je ne suis pas convaincue. Avec tout ce que j’ai pu entendre sur l’allaitement, ça ne devrait pas faire mal tout le long, ce n’est pas normal.

Le lendemain, je questionne une autre SF qui prend le temps de regarder la tétée complète, des deux côtés. Effectivement, elle me donne deux-trois conseils, me remontre comment bien positionner le bébé et ses lèvres. Miracle ! Je n’ai plus mal après les trois premières secondes de souffrance du début.

Nous rentrons à la maison, je continue l’allaitement. Pendant deux semaines, je ne suis pas seule, papa est là avec moi pour découvrir ce nouveau rythme et me soutenir dans mon post-partum. Cela me fait du bien, je ne suis pas seule et je peux compter sur lui.

À la troisième semaine, je me retrouve seule avec ce nouveau rôle de maman. La petite demande souvent à être au sein, toutes les heures. Je ne comprends pas. Je suis fatiguée physiquement et mentalement. J’ai perdu beaucoup de poids d’un coup, je suis passé de 62 kilos à 55 kilos en quatre jours.

La SF vient faire la pesée de la petite et constate qu’elle a perdu du poids. Je me sens coupable, coupable de pas avoir pu donner à ma fille assez à manger et ne pas avoir remarqué qu’elle manquait de lait. Je lui dis que si je n‘ai pas le choix, on passera au lait en poudre.
Nous avons une discussion où je peux tout lâcher et mes larmes coulent à flot. Elle me dit que mes larmes sont légitimes et que je commence à faire un début de dépression post-partum et que si cela perdure, il faudra aller consulter.
Mais pour l’instant, il faut penser à la petite et faire tout pour qu’elle prenne du poids. Elle me demande si je veux continuer d’allaiter, je lui réponds que oui. Elle me dit qu’on va tout faire pour que je continue. Elle me dit tout ce qu’il faut faire. Je téléphone à ma maman pour qu’elle puisse m’aider et me ramener des compléments pour l’allaitement.
Ma maman me ramène un tire-lait pour aider à la monté de lait, le temps que ma petite Alessia gagne des forces pour stimuler mon sein d’elle-même. Je dois tirer mon lait pour lui donner en complément trois fois par jours après la tétée au sein.

C’est difficile de trouver du temps pour tirer mon lait car comme ma fille est au sein toutes les heures, je dois trouver le bon équilibre entre la tétée et tirer mon lait.
C’est une pression que j’ai en plus. Malgré cela, je ne me décourage pas et essaie de trouver un moment pour le faire.
Je m’aperçois que le matin, juste après la tétée de 6h, c’est idéal pour le faire. Je mange mon petit-déjeuner et tire mon lait en même temps, puis je retourne me coucher.

Je suis tellement fière de voir 60 ml dans le récipient. Plus les semaines passent, plus il y a en quantité.
Je reprends des forces, du poids et confiance en moi. La SF passe deux jours après pour peser Alessia.
Elle a pris du poids. Je suis si rassurée et tellement contente de moi.
Nous continuons à lui donner un complément pendant deux semaines. Ensuite, la SF nous dit que c’est tout bon, je peux désormais lui donner plus que le sein.
Cela fait trois mois que j’allaite et ça se passe super bien. Il ne faut juste pas perdre espoir, avoir confiance en soi et être bien entourée pour y arriver.

Ps : ce récit a été écrit pendant la tétée de quatre heures du matin”

Yasmine

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Faire le choix de ne pas avoir d’enfant – Témoignage de Léa

Faire le choix de ne pas avoir d’enfant – Témoignage de Léa

En 2022, il est encore tabou et mal perçu de décider et clamer que l’on ne souhaite pas d’enfant, que c’est un choix et qu’on ne veut pas de cette vie-là. Aujourd’hui encore, la société attend de nous, surtout des femmes, on ne va pas se le cacher, que l’on procrée, que l’on enfante et que l’on participe à la survie de l’humanité ????. D’un homme qui ne veut pas d’enfant, on va dire de lui qu’il est carriériste sans juger, car la paternité ne fait pas partie de son identité virile construite par la société. Au contraire, d’une femme ne voulant pas d’enfant, on dira d’elle qu’elle changera sûrement d’avis quand elle sera amoureuse ou quand l’horloge biologique sonnera. La société actuelle identifie une femme comme complète lorsqu’elle est mère, cela fait partie intégrante des rôles qu’on attend de nous. 

Du coup, il est parfois difficile d’assumer ouvertement de faire le choix de ne pas vouloir d’enfant. Et on ne va pas se le cacher, ce choix est extrêmement intelligent et altruiste : il s’agit d’anticiper une vie avec un enfant dépendant de soi et ayant un impact sur tout ce que tu as mis plusieurs années à construire (carrière, vie sociale, couple, loisirs, finances, etc.). Un vrai cyclone ????. Faire le choix de ne pas en vouloir revient donc à dire qu’on se choisit soi, sa carrière, ses loisirs, son indépendance, sa liberté. 

Personnellement, je ne comprenais pas ce choix avant d’avoir des enfants, car je désirais tellement en avoir, que l’idée de ne pas en vouloir me dépassait. Aujourd’hui, en étant mère, avec toutes les responsabilités et l’engagement de soi que cela demande en permanence, je comprends et applaudis ce choix. Attention, en rien je ne regrette mon choix et j’aime mes enfants du plus profond de mon être, mais mon point de vue sur la question a changé et je pense que ces personnes ont peut-être, au final, juste une vision plus réaliste et sincère de la vie de parent que ceux qui en rêvent et l’idéalisent (ceux-là même qui se prennent une claque à la naissance, comme moi ????). 

Faire le choix de ne pas en avoir est donc perçu comme un “affront” et reste un immense tabou. Alors parlons-en, libérons la parole et choisissons ce que NOUS trouvons juste pour NOS vies. ???? 

J’ai pu discuter avec Léa, qui a fait le choix de ne pas avoir d’enfant. Elle a 35 ans, vit à Lausanne et est publicitaire. Elle est en couple depuis 8 ans et voici son témoignage. Merci à elle pour sa sincérité et son engagement ! ✨

 

  1. Léa, as-tu toujours su que tu ne voudrais pas d’enfant ou y a-t-il eu un évènement particulier, un moment charnière dont tu te souviennes ? 
  2. Petite fille, quels rapports as-tu eu avec la maternité à travers le jeu (jouer à papa-maman, à la poupée, etc.) et le choix des jouets mis à ta disposition ? 
  3. Quels rapports entretiens-tu avec les enfants présents dans ton entourage (famille, amis, etc.) ? 

Je ne me souviens pas de quand j’étais toute petite, mais mes parents m’ont toujours dit que je n’étais pas à l’aise avec les autres bébés. Pour mes 2 ans, un membre de ma famille m’a offert une poupée et j’ai fait une attaque de panique ! Ce truc me faisait peur et je n’ai jamais joué avec. Je n’ai jamais eu de poupées. J’ai l’impression qu’il y a quelque chose de l’ordre de l’inné là-dedans car quand j’étais petite je n’étais jamais très à l’aise avec les enfants plus jeunes que moi.  

Dans mon entourage, je n’ai pas eu de cousins de mon âge, ils étaient tous ados. J’ai eu un petit frère (demi-frère) plus tard. On a 7 ans d’écart. Donc à part mes copines de classe, je ne côtoyais pas d’enfants de mon âge, ni plus jeunes. Quand je voyais d’autres enfants, je ne cherchais pas trop le contact, je préférais rester avec les adultes ou rester seule. J’ai été éduquée comme une fille unique et cela ne me posait pas de problème, j’aimais bien ça.  

 

Au niveau de mon éducation, c’était vraiment axé « petite fille », ma maman était attentive aux jeux que j’aimais ou pas. J’aimais les jeux de « petites filles », j’avais beaucoup de peluches et de nounours. Et peut-être que dans le jeu je me comportais avec comme je l’aurais fait avec une poupée : je leur faisais à manger, je leur faisais des anniversaires, des câlins, etc. Mais, ce n’étaient pas mes enfants, mais mes animaux de compagnie. Il y avait quand même un rapport « maternel ».  

 

A l’adolescence, ça s’est fait assez naturellement, car je ne me suis jamais imaginée avoir des enfants. D’ailleurs même petite fille, lorsque l’on faisait des « jeux de rôle » avec mes copines, qu’on s’imaginait une vie, moi je travaillais, je n’étais pas mariée mais libre et indépendante ! C’était comme ça que je me projetais dans la vie. Je n’ai jamais imaginé avoir des enfants et ce que ça pourrait être. Quand mes copines jouaient au papa et à la maman, elles se battaient toutes pour faire la maman et moi je faisais le papa et j’allais travailler ! 

 

Je ne pense pas qu’il y ait eu un déclencheur, c’est plutôt un continuum. Et assez vite, vers 13-14 ans, quand on me posait la question « Et toi tu auras des enfants ? », je crois que j’ai toujours dit non. Ce genre de questions venait plutôt de la famille du côté de mon père.  

 

Donc pour moi, c’est quelque chose que j’ai toujours su et que j’ai formalisé quand on m’a posé frontalement la question.  

 

Même quand on me posait la question, cela ne me faisait pas douter quand je me retrouvais seule, c’était une évidence. Bien sûr, je me suis posée la question plus tard, quand ça pouvait devenir concret avec le début des relations sexuelles. Là je me disais : « Si ça me tombe dessus je fais quoi ? » 

Mais je crois que je n’ai jamais remis en question ce choix, à aucun moment et ça ne m’a jamais questionné. Ce qui me questionnait plus, c’était la réaction que je pouvais obtenir des gens quand je disais ouvertement que je ne voulais pas d’enfant.  

 

J’avais comme réaction les classiques : « Tu dis ça maintenant, tu verras plus tard », « Oh évidemment maintenant tu es trop jeune », « Tu n’as pas rencontré la bonne personne », « Tu regretteras quand tu seras vieille, quand il n’y aura personne qui viendra te voir ». Ce qui est complétement absurde ! On peut avoir des amis non ? 

J’ai senti que c’était des réactions qui étaient mesurées car c’était ma famille. Mais le fond était tout de même assez agressif et je sentais que les gens pensaient « Si tu fais ce choix, tu auras une vie bien merdique ».  

 

Ce qui me questionnait plus, c’était pourquoi mon choix était si incompréhensible ? Que les gens ne pouvaient pas comprendre que je voulais ma liberté ? Le simple fait d’exprimer quelque chose de différent était réprimé.  

4. Quels rapports as-tu avec tes parents/famille ? Cela a-t-il un lien avec ce choix ? 

Ma mère a elle-même eu un rapport compliqué à la maternité. Elle était très contente d’avoir eu une fille, mais au départ ce n’était pas forcément simple. Elle aurait pu rester sans enfant, si cela ne s’était pas présenté.  

Pour elle, ça été compliqué le fait d’attendre un enfant, du moment où elle s’est rendu compte qu’elle était enceinte, la panique et jusqu’à l’accouchement. Mais par la suite, il semblerait que ça ait été assez facile. Donc je ne pense pas qu’elle m’ait montré ces difficultés, que ça m’ait fait faire le choix de ne pas avoir d’enfant.  

Elle comprend donc très bien quels sont mes doutes. Actuellement, nous n’en parlons pas forcément plus que ça. Une fois, elle a juste dit que cela lui aurait plu d’être grand-mère. Mais c’est juste une projection !  

 

Je ne pense pas que mes parents m’aient poussé dans un sens ou dans l’autre par rapport à mon choix. Peut-être que mon père était lui un peu pris par la tradition : famille catholique, originaire d’Espagne, on fait des enfants parce que c’est comme ça et en même temps mes parents ont divorcés quand j’étais petite et il a donc « retrouvé » sa liberté qui lui plaisait.  

 

D’ailleurs pour moi, la liberté fait partie de mes valeurs fondamentales et j’ai l’impression que je ne pourrais pas être pleinement libre, comme moi je le souhaite, si j’avais des enfants.  

Dans ma vie quotidienne, je m’implique beaucoup dans ce que je fais, je fais plus que ce qu’on me demande, je tiens mes engagements, etc. Et j’ai le sentiment qu’avec un enfant, je perdrais ce sentiment de légèreté, de spontanéité, qui est parfois déjà difficile à trouver dans mon quotidien. Et ça m’angoisse de me dire qu’une personne dépend de moi, qu’il y a toujours cette inquiétude pour ton enfant, la responsabilité, etc.  

Je pense que c’est pour ça que souvent les gens disent que ceux qui ne veulent pas d’enfant sont égoïstes car on veut sauvegarder de l’espace à soi, du temps, de l’espace mental. 

5. Dans tes relations amoureuses, est-ce un élément que tu annonces directement ou attends-tu quelques temps avant d’en parler ? Si oui, pourquoi ?

6. Quels ont-été les réactions de ton-tes partenaire-s à cette annonce ? Est-ce que cela a eu une incidence sur votre couple ? As-tu déjà envisagé de changer d’avis pour un partenaire ? 

Je l’ai toujours dit, enfin, plus quand j’avais 17-18 ans. Je ressentais le besoin de le préciser, j’ai toujours été transparente sur la question et j’ai toujours dit « T’en fais pas, je me protège à double car c’est hors de question que je tombe enceinte ! », aussi pour rassurer mes premiers partenaires car ce n’est pas à ce moment qu’un accident est bienvenu.  

Mais c’était aussi un moyen de dire « Quoiqu’il arrive, je n’aurais pas d’enfant et je serais prête à avorter si je tombe enceinte ». Je pense que ça rassurait mes copains à ce moment-là. 

 

Plus tard, quand j’ai rencontré mon conjoint actuel (à 30 ans), je lui en ai très vite parlé. Pour moi, c’était important de mettre les choses au clair très vite car si lui son rêve c’était d’avoir une famille, moi ça ne m’intéressait pas.  Je ne voulais surtout pas lui faire perdre du temps si avoir des enfants était dans son projet de vie.  

 

On en a quand même reparlé il y a quelques années, car il y a eu une « vague » de nos amis qui ont eu des enfants et je lui ai donc reposé la question : « Est-ce que de voir tous tes copains avoir des enfants ne te donne pas envie ? ». Il n’était pas forcément plus décidé sur la question. C’est donc statu quo, mais si cela devait changer de son côté, j’aimerais être au courant pour pouvoir me positionner par rapport à ça. De mon côté, je sais que je ne changerai pas d’avis. Mais pour moi, c’est une décision de couple. Si tout à coup lui voulait des enfants mais souhaitait rester en couple avec moi, je prendrais peut-être la décision de le quitter pour lui « rendre sa liberté » car cela pourrait changer quelque chose dans notre couple.  

 

Pour ma part, de voir tous nos amis devenir parents m’a quand même questionné mais finalement cela m’a conforté dans mon choix. Cela me rend bien entendu très heureuse pour eux, mais de voir ce cataclysme dans leurs vies, de voir que ça change le rapport d’amitié (même s’il revient), m’a confirmé que cela n’est pas fait pour moi.  

 

Par rapport à mon conjoint, je n’aimerais pas être avec quelqu’un qui me dise : « Mais quoi, tu ne veux pas d’enfant, c’est quand même la vie ! », etc.  

 

Par contre ce qui me questionne parfois, c’est si un jour je me sépare de mon compagnon actuel, que je rencontre un autre homme qui a des enfants : comment je gère le fait que, la personne avec qui je suis, a sa propre famille ? Avec des valeurs familiales importantes ? Mais je n’y pense pas trop car ce n’est pas actuel. Mais là comme ça, je pense que ça pourrait être un frein si la personne a déjà des enfants, surtout s’ils sont jeunes, car je n’ai toujours pas tellement de rapport avec les petits (comme lorsque j’étais enfant).  

 

D’ailleurs, quand je vois mes amies, c’est souvent sans les enfants car pour elles, c’est un espace de liberté et moi je ne réclame pas de les voir. Bien sûr, je suis contente d’avoir de leurs nouvelles, qu’elles me racontent, etc. Si je me retrouve avec des enfants, je suis un peu perdue ! Je vais faire attention à ce qu’ils ne se fassent pas mal, leur donner à boire et à manger, mais à part ça ! Je ne sais pas faire et cela me demande beaucoup d’efforts !  
C’est pour cela que je ne me verrais pas « belle-mère ». Ce n’est pas forcément que je « n’aime pas » les enfants, mais je n’ai pas les codes, je ne les ai pas appris, je ne sais pas comment faire ! 

 

Mon choix n’a jamais été un frein dans d’autres relations car si je n’étais pas respectée dans ce choix, je n’allais pas plus loin. Et pour moi, c’était important de me positionner direct pour ne pas entamer une relation qui ne durerait de toute façon pas si nos projets n’étaient pas les mêmes.  

7. Quelle place trouves-tu que la société donne aux femmes qui annoncent ne pas vouloir d’enfant ? Ressens-tu une pression, des injonctions t’indiquant qu’on attend de toi que tu enfantes ? 

Je ne ressens plus trop ces injonctions, ce n’est plus un débat. Mais j’ai aussi l’impression qu’on n’ose plus me poser des questions ! Surtout si je rencontre de nouvelles personnes et qu’à la question je réponds « Non, je n’ai jamais voulu avoir d’enfant », la discussion ne va pas aller plus loin sur ce thème, ils ne cherchent pas à savoir pourquoi. Au moins on n’essaye pas de me convaincre d’avoir des enfants contre mon gré ! Il y a du progrès!  

 

Lorsque j’en ai un peu parlé avec ma gynécologue, elle m’a dit : « Vous avez raison, il faut suivre vos envies ». J’ai trouvé cette réaction chouette car je m’attendais, au contraire, à ne pas être comprise dans ce choix.  

 

Je trouve que ces injonctions de genre et de statut sont très présentes dans la publicité et cela me rend folle ! C’est extrêmement rare qu’on ne voie pas subtilement (par un dessin en arrière-plan par ex.) qu’une femme est mère. Mais à mon avis ce n’est pas conscient, ça fait partie du « moule ». 

 

8. Comment as-tu annoncé à ta famille, amis, collègues ton choix ? Comment est-ce que ça a été reçu et quelle place font-ils à ton choix ? As-tu eu des réactions “jugeantes” ? Ressens-tu que c’est un sujet tabou ? 

Les gens ont vraiment questionné mon choix du pourquoi je ne voulais pas d’enfant plus tard, à partir de 25-30 ans. Mais aussi parce que depuis 5-10 ans, le sujet se « détend » au niveau sociétal, il y a plus cette notion du choix. J’ai vraiment ressenti ça depuis ces 5-7 dernières années lorsque je dis aux gens que je ne veux pas d’enfant, ils me disent « Ah ouais, ok ! », ce n’est plus un débat. Après c’est peut-être aussi dépendant des gens que j’ai dans mon entourage, qui sont peut-être plus ouverts, bienveillants et compréhensifs.  

J’ai eu plus de réactions de la part de femmes que d’hommes. Ces derniers s’en fichent ! Et venant de femmes de la génération de ma grand-mère, par exemple, qui avaient « peur » à chaque rapport de tomber enceinte, je trouve cela paradoxal. Elles n’ont pas forcément été mères par choix et je trouve dommage qu’elles ne puissent pas « accepter », se réjouir que maintenant des femmes aient et assument ce choix de ne pas vouloir avoir d’enfant. J’ai aussi l’impression que ces générations ont oublié ce que c’est d’avoir un enfant. Elles ne parlent que du fait que c’était merveilleux. Mais elles ont peut-être oublié que ce n’était pas un choix d’être mère à 19 ans, que c’était compliqué, qu’elles n’avaient pas les ressources comme maintenant, peut-être que si elles avaient eu le choix elles auraient attendu un peu, etc.  

Mais je trouve que c’est parfois des réactions surprenantes !  

 

Souvent, on dit des gens qui ne veulent pas d’enfant qu’ils sont égoïstes, car on ne fait pas le choix de se dévouer à quelqu’un d’autre. J’ai ressenti ça du côté de ma grand-mère paternelle qui prend ça comme un « pêché », ne pas vouloir se dévouer à sa famille qui est le rôle de la femme. C’est typiquement le genre de personne qui dès que je suis née, s’est projetée comme arrière-grand-mère ! Et elle m’a d’ailleurs souvent dit : « Dépêche-toi car je ne serai pas éternelle ».  

9. Connais-tu des sites spécialisés, comptes Instagram, associations, etc. vers qui tu as pu te tourner ou auprès desquel-le-s tu as trouvé ressource ? 

S’il y a des articles ou des podcasts qui en parlent, je lis ou j’écoute car cela m’intéresse. Je trouve qu’il faut soutenir ce genre de démarche.  

 

10. As-tu des conseils à donner à une personne qui ne veut pas d’enfant mais hésite à assumer et clamer ce choix (notamment une femme qui ne veut pas d’enfant mais qui subit de la pression de la part de son partenaire/famille, etc.) ? 

C’est compliqué ! J’ai pas mal de copines qui se questionnaient sur ce désir et finalement à force d’en parler avec leur compagnon, elles se sont laissées convaincre. Heureusement, elles sont toutes ravies de leur choix. Mais personnellement, je trouve que c’est assez dangereux ! C’est un sacré coup de poker si tu n’es pas sûre de ce que tu veux !  

Déjà que les réactions dans les familles lorsqu’on ne veut pas d’enfant sont compliquées, c’est encore pire si une femme exprime qu’elle regrette d’en avoir eu !  

Mes conseils : 

  • Prendre du temps pour réfléchir soi-même, personne d’autre que toi peut analyser cette envie. En étant en couple, on a tendance à se laisser convaincre. Il faut tendre vers un ressenti, une décision qui t’est propre et solide, afin de ne pas te laisser envahir par les envies des autres.  
  • Ce sont des questions à se poser rapidement dans une relation, avant d’être trop « installé-e » dans cette dernière.  
  • Essayer de prendre du recul par rapport aux désirs des autres, se recentrer sur soi, de son propre désir. On ne fait pas des enfants pour les autres, surtout qu’actuellement c’est encore beaucoup la femme qui porte la charge d’avoir un enfant, physiquement, la charge de la société, la charge mentale.  
  • Pour moi c’est sain de se poser la question. Bien sûr qu’un enfant se fait à deux, mais il faut se poser la question de son propre choix et l’homme doit aussi se poser la question ! Tu fais un enfant à deux, mais tu peux potentiellement te retrouver seul-e à un moment donné et il faut se demander si on est prêt à ça ?  
  • C’est un processus qui prend du temps ! Du coup, si tu as un conjoint qui te presse, c’est compliqué de faire ce chemin de pensée.  

On se pose souvent beaucoup de questions lorsqu’on ne veut pas un enfant, mais je trouverais aussi intéressant de se poser la question : « Pourquoi je veux un enfant ? », car il n’y a pas que des bonnes raisons (par ex. si c’est pour réparer qqch de son enfance). Cela ramène aussi aux valeurs du couple et de chacune des deux personnes. 

Merci beaucoup Léa pour cet échange passionnant et cette discussion à cœur ouvert .

Yasmine

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Ce que j’aurais aimé savoir – Témoignage de Vanessa

Ce que j’aurais aimé savoir – Témoignage de Vanessa

Vanessa nous a contactées suite à notre “appel à témoignages”. Je l’ai rencontrée lors d’un dîner où nous avons échangé sur les joies et les difficultés de la maternité. Suite à cela elle nous a proposé de rédiger son témoignage. Merci infiniment de nous avoir confié ton histoire !

Je m’appelle Vanessa et j’ai un petit garçon qui est né en avril 2019. Je n’arrive pas encore à croire que dans 3 mois il aura déjà 3 ans.

Je voulais apporter mon témoignage sur ce que j’aurais aimé savoir avant d’avoir un enfant.

Concernant la grossesse, je trouve avoir été très bien renseignée avec des lectures, internet, ma gynéco. J’ai eu de la chance d’avoir eu une grossesse géniale et magnifique et pour moi c’était comme un miracle étant donné que je n’étais pas censée pouvoir tomber enceinte naturellement. Par contre, je me suis vite rendu compte que tout le monde avait un avis sur tout. Limite les gens veulent que tu fasses comme eux. Cela est très pénible au bout d’un moment surtout si on ne demande pas de conseil.

Je n’ai pas du tout appréhendé mon accouchement car j’ai pu en parler ouvertement avec mes amies proches ainsi que ma sage-femme (Céline) que je remercie pour ses cours mais aussi pour la suite.

L’accouchement s’est plutôt bien passé mais suite à une infection, j’ai dû avoir une césarienne mais tout s’est bien passé dans le calme et dans le respect de nos choix, les futurs parents.

J’ai décidé de ne pas allaiter pour des raisons personnelles que je ne donnerai pas je trouve qu’il n’est pas nécessaire de se justifier. Car on doit à mon sens le faire trop souvent.

Bref, j’ai accouché un lundi soir et le jeudi j’ai commencé à me sentir pas au top. J’étais en pleurs dans mon lit en fin de journée. Je me suis dit que je devais être fatiguée et que trop de monde était venu à la maternité. Et là je me suis dit que j’aurais dû m’écouter et ne faire venir personne à la mat.

Nous sommes rentrés à la maison le samedi et là j’ai compris que je faisais un BABY BLUES…. Je l’ai très mal vécu car je ne pensais pas que cela m’arriverait au vu de mon caractère. Heureusement que Céline (ma sage-femme) était là et m’a donné de très bons conseils.

J’avais compris qu’en fait 8 femmes sur 10 avait un baby blues. Et quand les gens me demandaient comment je me sentais, je fus honnête et du coup les langues se sont déliées. Beaucoup de femmes que je côtoyais l’avaient aussi eu et j’en n’ai rien su. Du coup, il faut vraiment ne pas hésiter à en parler et surtout laisser les larmes sortir si ça doit sortir. Après 3 semaines, ça a fait le tour.

Par contre, je me suis vite rendu compte qu’il y avait un autre souci : la pression sociale autour de la maternité et le fait de devenir maman. C’est comme si on n’avait pas le droit de se plaindre, de ne pas être fatiguée, de ne pas en avoir marre, de ne pas regretter sa vie d’avant. Je m’explique, j’aime mon fils plus que tout au monde, je donnerais ma vie pour lui. Mais par contre, je n’ai quasi pas de temps pour moi, rien que pour moi, car mon compagnon a un travail qui l’oblige à être souvent absent. Donc oui, il y a des jours c’est dur même très dur… Je ne compte plus les fois où j’ai pleuré à chaudes larmes dans ma douche ou même devant mon fils. Et direct ensuite culpabilisé…. Franchement j’aurais aimé avoir plus d’informations sur cela. Car pendant la grossesse on est super bien suivie. Dès qu’on accouche toute l’attention est portée sur le bébé et la maman et quasi oubliée. Ça n’est pas toujours facile à vivre. Le bébé est très bien suivi mais rien pour la maman. Et je pense qu’il est important et nécessaire qu’on n’oublie pas la santé mentale et physique de la maman.

Donc je le dis haut et fort, la mère parfaite n’existe pas et il est humain de craquer par moment. Ça vaut aussi pour les papas car il y a aussi des papas dans la même situation. On fait du mieux qu’on peut. Et surtout un jour après l’autre comme on dit.

J’espère que mon témoignage permettra à d’autres parents de se sentir moins seuls et de relativiser.

Vanessa

 

Julie

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La PMA pour les couples homosexuels

La PMA pour les couples homosexuels

Chez Parentalescence nous partons du principe que chaque Être Humain sur terre a le droit d’accéder à la parentalité, seul ou à deux. Pour nous, il n’y a pas de schéma familial idéal ou « juste », le plus important est l’amour apporté à son-ses enfant-s.

Rose et France nous offrent leur témoignage et leur parcours du combattant pour avoir le bonheur d’accueillir leur fils dans leur famille.

Rose (29 ans) et France (29 ans) sont en couple depuis bientôt 10 ans. Depuis toujours c’était clair entre elles que Rose porterait le bébé.

En 2017, dès le moment où toutes les deux étaient prêtes à fonder une famille, elles ont commencé à chercher une clinique hors de la Suisse, car actuellement, seul un couple hétérosexuel peut avoir recours à une insémination et/ou une fécondation in vitro en Suisse. Attention ! ces informations vont changer avec la votation du 26 septembre ! Le mariage pour tous a été accepté par le peuple Suisse ! Stay tuned 😉

Rose et France ont commencé leurs recherches sur internet, elles ne trouvaient aucun forum, aucune information sur des sites suisses et se sont donc tournées vers des sites français, beaucoup plus fournis.

Elles ont pris le temps de comparer les différentes cliniques proposées, que ce soit au niveau des conditions, du taux de réussite, du prix, etc.

Rose et France se sont tournées vers l’Espagne après avoir éliminé les cliniques danoises, moins pratiques pour s’y rendre et les cliniques belges, qui demandaient notamment des entretiens psychologiques assez poussés. Pour elles, elles n’avaient pas à prouver qu’elles étaient « capables » d’avoir un enfant (ce que les hétéros ne doivent pas faire !!!) et ne voulaient donc pas se soumettre à ce genre de tests.

On pourrait se dire « Aïe je ne parle pas l’espagnol ! » et bien ce n’est pas du tout une barrière, car le personnel parle entre une à quatre langues et donc très souvent le français. D’ailleurs les entretiens téléphoniques et les mails se font en français.

Rose et France ont finalement sélectionné la clinique Girexx (https://girexx.barcelona/fr/) à Barcelone.

Voici les différentes étapes de leur aventure :

  • Choisir la clinique
  • Trouver un-e gynécologue en Suisse qui était d’accord de les suivre
  • Appeler la clinique pour connaître le protocole
  • Créer un compte sur leur site
  • Faire les examens médicaux en Suisse (frottis, échographie vaginale, hystérosalpingographie, groupe sanguin, hormonologie, sérologie, etc.)
  • Envoyer les résultats à la clinique
  • La clinique informe quand il faut commencer les injections pour la stimulation ovarienne (1er jour des règles) et envoie l’ordonnance. Le personnel est très disponible par téléphone s’il y a un souci avec les injections par exemple.
  • 2-3 rendez-vous de contrôle chez le-la gynécologue en Suisse pour voir le développement des follicules (au 14ème jour). Attention ! les rendez-vous peuvent tomber sur n’importe quel jour de la semaine, vu que c’est en fonction des cycles. Il est important d’en parler avec le-la gynécologue avant pour être sûr qu’il-elle soit disponible (même un dimanche).
  • Envoyer les informations par mail à la clinique. Cette dernière répond dans l’heure et il y a deux possibilités :
    • Il faut encore faire une injection, puis le déclenchement de l’ovulation le lendemain et 36h après il faut être à la clinique.
    • Les follicules ne sont pas matures donc il faut encore faire 48h d’injections.
  • La clinique donne le feu vert pour le déclenchement. Il faut être 36h après en Espagne (trouver un vol, etc.). Le rendez-vous à la clinique est très rapide : arrivée, injection, départ !
  • 14 jours après l’insémination il y a deux options :
    • Soit les règles arrivent
    • Soit il faut faire un test de grossesse, puis une prise de sang chez le-la gynécologue
  • Si le test est positif : informer la clinique et à partir de là, le suivi se fait en Suisse et la grossesse est considérée comme « normale ». A la naissance, il faudra demander une attestation qui prouve que le bébé est né sous X du père.
  • Si le test est négatif : informer la clinique qui demandera si on souhaite recommence le traitement directement ou si on attend un ou plusieurs mois.

Après 4 inséminations négatives, la clinique propose une fécondation in vitro.

Dans le cas où il faut faire plusieurs inséminations, le personnel prend le temps pour les questions, il demande comment va la future maman, la partenaire etc.

Informations complémentaires sur la clinique Girexx :

  • Tout le processus est très encadré légalement.
  • Chaque patient a deux répondants, ce sont donc toujours les mêmes personnes à qui on a affaire.
  • Pour le choix des embryons, la clinique regarde les sérologies, le groupe sanguin et le physique de la mère qui porte et du-de la partenaire (pour être au plus proche).
  • Les informations suivantes sont données sur le donneur : couleur des yeux, des cheveux, de la peau, groupe sanguin et qualité du sperme.
  • Un donneur peut offrir son sperme pour 10 bébés maximum.
  • La clinique veille à ce que les autres enfants du même donneur ne soient pas trop proches géographiquement.
  • Si on souhaite un deuxième enfant, le donneur peut être le même que pour le premier (selon les délais ou réservation possible).
  • Dans le cas d’une deuxième grossesse, s’il n’y a pas de problèmes qui sont apparus entre temps, certains examens médicaux ne seront pas demandés une seconde fois.

En Espagne, le don de sperme est anonyme. Toutes les cliniques font signer un contrat de confidentialité au donneur. Le seul cas où la clinique peut rechercher le père, c’est si l’enfant a un grave problème de santé.

Le prix d’une insémination, sans les médicaments, sans les consultations gynécologiques, ni les trajets est d’environ 800 à 1500 euros. Pour une fécondation in vitro, le prix est d’environ 3000 à 4000 euros.

Rose et France ont accueilli leur merveilleux petit garçon en avril 2019. Actuellement, France fait les démarches pour adopter leur fils et être légalement sa maman. Elle nous parlera de son parcours semé d’embuches dans un prochain article !

Les conseils de Rose et France :

  • En parler avec son employeur avant de commencer pour avoir son « accord », car on ne sait jamais quand les rendez-vous tombent et il faut partir « à la der » pour aller faire les inséminations.
  • En parler aussi avec ses collègues pour pouvoir s’arranger avec les jours de congé, faire des échanges, etc.
  • Le soutien de l’entourage est très important ! Elles ont une belle solidarité autour d’elles et en sont reconnaissantes. Ce sera d’autant plus important si elles souhaitent avoir un deuxième enfant, car il faudra garder leur fils « au pied levé » !

Nous vous conseillons fortement d’acquérir l’ebook « La PMA – le guide » de Léa Cayrol sur le site : https://www.leaetcapucine.com/boutique

Tu peux aussi visiter le site Suisse des familles arc-en-ciel : https://www.regenbogenfamilien.ch/fr/rechtliche-situation-von-regenbogenfamilien/ 

Merci infiniment à Rose et France pour leur témoignage et le chouette moment d’échange passé ensemble ! Et bravo pour votre magnifique petit garçon !

Julie

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Témoignage d’une Maman solo

Témoignage d’une Maman solo

Nous te partageons le témoignage de M., 34 ans, vivant en Suisse, qui a fait le choix de vivre l’aventure de maman solo. Merci infiniment de nous avoir confié ton histoire !

Je suis maman d’un magnifique garçon de 11 mois né par insémination artificielle en Espagne. Je suis donc célibataire et élève mon fils seule. Cela a été un choix sans vraiment en être un. A l’aube de mes 30 ans, j’ai vécu une séparation et je n’ai pas retrouvé un compagnon avec qui fonder une famille. C’est au cours d’une discussion avec une amie que j’ai commencé à me renseigner sur la possibilité de faire un enfant avec un donneur. Après plusieurs recherches, j’ai opté pour une clinique dont les avis étaient positifs. J’ai été une première fois sur place pour me faire une idée plus concrète de la clinique. J’ai eu un rendez-vous avec une gynécologue qui m’a expliqué la procédure pour une insémination artificielle avec donneur. C’était en octobre 2019.

Durant le mois de janvier 2020, j’ai dû faire trois échographies avant de pouvoir prendre l’avion pour effectuer mon insémination en Espagne. Le 7 février 2020, je suis partie en avion et le 8 février, j’ai eu mon insémination. Deux semaines plus tard, j’apprenais que j’étais enceinte. La grossesse s’est très bien passée. L’accouchement s’est également très bien passé même si les premiers jours ont quand même été éprouvants et difficiles.

Ce qui a été le plus compliqué, c’était le retour à la maison et les premières semaines où il fallait être constamment disponible pour bébé. J’ai eu le soutien de quelques amies qui venaient régulièrement pour me permettre de me reposer et recharger mes batteries. J’ai aussi eu la chance d’avoir une mère très présente et aidante. Elle m’apportait des plats et prenait le relai quand j’en avais besoin. Mon fils adore sa grand-mère et passe beaucoup de temps avec elle.

Maintenant, j’ai trouvé un bon rythme même s’il y a des moments difficiles, comme les maladies ou encore l’adaptation à la crèche. Mais je crois que ces inquiétudes sont les mêmes que l’on soit seule ou en couple.

Je travaille 3 jours et demi par semaine. Il va trois jours à la crèche et ma mère le garde un jour. Pour l’organisation, je prépare les compotes et les purées le vendredi en fin de journée, quand ma mère est là. Souvent, elle va chercher les légumes à la ferme le jeudi matin.

J’ai fait le choix de travailler à 80% ce qui me permet d’avoir un jour et demi de congé dans la semaine pour pouvoir passer du temps avec mon bébé. Financièrement, cela demande quelques adaptations comme l’achat d’habits et de jouets d’occasion.

J’ai parfois peur de ne pas y arriver toute seule et il m’arrive de remettre en question mon choix car il faut pouvoir l’assumer. La plupart des personnes ont très bien réagi et réagissent très bien quand ils apprennent que mon fils a été conçu par insémination artificielle. Mais quand on fait un choix qui n’est pas dans la norme, on doit aussi faire face aux préjugés et aux critiques. On me souligne de temps en temps que mon fils souffrira tôt ou tard de ne pas connaître son géniteur. Je fais confiance à mon bébé et je me fais confiance. Il connaît son histoire, je serai là pour répondre à ses questions. Je fais et ferai du mieux que je peux pour qu’il s’épanouisse en grandissant. Malgré tout, une part de mystère et de doutes subsistera quant à ses éventuelles souffrances futures. Dans tous les cas, c’est un enfant qui a été profondément désiré et qui est très entouré et choyé.

Il emplit mon cœur de bonheur et de joie. Je suis profondément heureuse et comblée dans mon rôle de maman. 

Julie

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